Le Kairos.
« On peut prendre comme exemple de ce "timing cosmique" d’opportunités évolutionnaires , poursuit Calleman, un phénomène assez fréquent, à savoir les découvertes indépendantes et simultanées » dans les sciences et les techniques, « comme celle du calcul par Leibniz et Newton ou du téléphone par Bell et Gray. Si nous ne voulons pas considérer de telles synchronicités comme de simples curiosités, nous devons conclure qu’il existe un facteur qui sert à synchroniser les événements dans l’Univers et qui a un réel pouvoir sur nos vies . » Un facteur objectif et transcendant, qui donne du sens en exerçant une influence aussi bien verticale que radicale sur notre existence – et par-dessus le marché, de manière purement intérieure, sans aucun phénomène extérieur à observer, mesurer ni reproduire pour essayer d’y comprendre quelque chose : il n’en faut pas tant pour faire voler en éclats le dogme matérialiste et empiriste dans lequel la science moderne continue à piétiner 3.
Raison de plus pour prêter attention à Kairos. Du moins pour Calleman est-il nécessaire d’intégrer cette dimension qualitative du temps si l’on veut améliorer notre compréhension du monde. Le Tzolkin des Mayas, comme il le montre bien, est un calendrier éminemment " kairologique ", si l’on peut dire, et « c’est parce qu’ils retraçaient l’évolution de cet " autre " aspect du temps que je crois qu’il faut inclure le système calendérique maya dans toute tentative de développer une nouvelle et plus juste théorie de l’évolution de l’univers ». Ne pouvant pas insister ici sur le calendrier maya – en dépit des impressionnantes implications qu’il recèle 4 –, il s’agira plutôt d’envisager à quel point la prise en compte de Kairos peut effectivement permettre d’élaborer une meilleure « théorie de l’évolution de l’univers », ainsi qu’une meilleure théorie de la connaissance de manière générale – à commencer par la seule qui vaille vraiment, la connaissance de soi.
C.C.