Religion Dans L' Antiquité.
Comme Thalés, comme Phérécyde de Syros, Anaxagore fit des prédictions véridiques fondées sur la science de la nature ; mais, montrer la puissance de l' induction scientifique n' était pas infirmer les résultats de la Divination surnaturelle : c' était tout au plus diminuer le nombre des phénoménes regardés comme prodigieux. Les Sophistes, qui niaient la possibilité de connaitre en général, ne paraissent pas avoir tenu la Providence et la Révélation en - dehors de leur scepticisme. Il n' y a pas lieu de croire qu' ils aient vu dans la Mantique autre chose qu' une Foi sans preuves, dont l' éristique aurait eu raison en un instant. Euripide, disciple d' Anaxagore et des Sophistes, n' aimait pas davantage a compromettre dans le souci minutieux des affaires humaines la dignité, d' ailleurs pour lui probnlématique, de la Providence. Quand il se substitue a ses héros, ce qui lui arrive trop souvent, il se plait a démontrer, par des arguments rationnels, que l' Art des Devins ne mérite aucune confiance. Il affirme hardiment, par exemple, que tous les Devins - et l' on peut ajouter, tous les Oracles - qui ont excité l' ardeur belliqueuse des Achéens et des Troyens ont menti, car ils n' ont pas su découvrir que la véritable Héléne, gardée dans l' ile de Pharos par un hote respectueux, n' avait jamais mis le pied sur le sol troyen. Quand Euripide disait : " Le meilleur Devin est celui qui conjecture bien ", il entendait bien substituer a la Divination surnaturelle l' induction raisonnée. Cependant, Euripide, en niant le fait, ne nie pas la possibilité de la Divination. Quand il prétend que Zeus a permis le sanglant quiproquo de la guerre de Troie pour soulager la terre surpeuplée et glorifier les plus vaillants des Achéens, il affirme l' existence d' un plan Providentiel arrété dans son ensemble et pouvant, par conséquent, étre connu.
B.L.