Religion Dans L' Antiquité.
La philosophie.
L' attitude de Xénophane en face des préjugés populaires était plus dédaigneuse, parce qu' il opposait a la religion héllénique et a ses livres sacrés une conception plus haute de la divinité, et qu' il s' indignait de voir la majesté de l' étre absolu, substance éternelle des choses, honteusement défigurée par la mythologie anthropomorphique. Il devait prendre en pitié l' orgueilleuse sottise de l' homme qui se propose avec tant de complaisance a l' attention de la divinité, et se croit l' objet perpétuel de la pensée divine. La mantique, qui est l' expression la plus avouée de cette foi présomptueuse, ne pouvait lui inspirer que du mépris. Aussi, nous dit on que Xénophane " Supprimait la divination par la base " en supprimant la sollicitude de la Providence pour les intéréts humains. Ce dédain, bien orgueilleux aussi, pour les illusions de ses semblables, n' était point un argument péremptoire, car il faut remarquer que le panthéisme éléatique ne fournit aucune objection contre la possibilité théorique de la divination. Tout étant a jamais immuable au sein de l' unité substantielle, le passé, le présent, l' avenir sont, il est vrai, des mots vides de sens ; mais la connaissance actuelle de tout ce que l' on répartit d' ordinaire en ces trois catégories n' en est que plus facile. Xénophane, en déclarant absurde le concept vulgaire de la Providence, niait simplement l' utilité et, par suite, le fait de la révélation.
Leclercq.