Plutarque.
expliquons nous. la flatterie , cette consoeur de l' art et du théatre , n' est autre qu' une des filles du loisir. comme l' art et a l' instar de la comédie , elle n' existe que lorsque l' urgence vitale ne se fait pas sentir. pourtant bien des éléments la différencient de l' art de la scéne : alors que la comédie écrite ressemble a un feu de paille , la comédie de la vie , elle , offre un terrain durable et propice a l' embrasement. car le flatteur joue avec le feu ; une victime parait , il va la voir , la perce a jour , l' imite , l' enjole , attise son amour - propre ; et si la flamme dure plus longtemps que les biens convoités , notre fourbe se retire. et a supposer qu' on l' ait percé a jour , alors que la dupe se déméne et sombre corps et biens dans le naufrage de la désillusion , le flatteur , économe , n' engage qu' une parcelle de son ame dans le désastre : l' autre , affriandée par de nouveaux appats , est déja sur le pied de guerre , tout affairée en stratégies préparatoires. économie et diplomatie sont donc les déesses tutélaires du flatteur. la victime plausible s' englue dans elle meme ; elle se complait a montrer la cible de ses points faibles ; sa passion se dilue le long d' un déterminisme visible de tous ; au contraire , le flatteur , lui , sait dédramatiser sa tragédie intérieure ; est il découvert ? il part en quéte d' une nouvelle dupe. flatter , c' est déjouer , c' est a dire flairer les piéges de l' adversité , mais aussi se dépassionner ou se déprendre de soi meme.
Maraichaux.