L' Imagination.
Il importe peu a Descartes de savoir si l' imagination est véridique ou trompeuse, si l' ame a son contact, ressort plus ignorante et crédule. Il ne veut ni dramatiser, ni sataniser l' essence de cette faculté, mais seulement rappeler la fragilité de l' ame et démontrer que l' imagination a parfois uniquement besoin du corps pour se manifester. L' ame n' est pas continuellement en train de penser. Lorsqu' elle cesse de concevoir, l' errance nonchalante de la pensée cesse un envahissement passionnel de l' ame, qui la surprend, la déstabilise et la désunit. Les illusions des songes sont elles aussi des représentations imaginaires qui créent du semblable susceptible de tromper l' ame : mais si l' ame est trompée, elle l' est entiérement, et cela n' affecte pas son Unité. D' autre part la tromperie est provisoire, car l' ame connait les catégories de l' entendement et sait identifier a partir d' elles les représentations de l' imagination. En revanche, se retrouvant assiégée par les passions, l' ame ne parvient plus a en disposer selon son bon vouloir : sa propre imagination semble lui échapper et se fortifier du trouble qu' elle crée. Ce mouvement est en fait la conséquence de l' émotion qui accompagne toute passion, conquiert l' espace spirituel et demeure présente a la pensée avant de disparaitre. A la différence du doute a l' épreuve qui " Décident " de suspendre leurs efforts en desserrant leur étreinte. Ce sont elles qui délivrent les pensées de l' ame les unes des autres, l' ame ne sachant étre attentive a une seule et unique pensée. Surmonter son imagination pathologique est donc possible, mais seulement aprés la disparition des émotions. Avant la délivrance, l' ame vit un conflit intérieur poignant, ou pensées et imagination s' entrechoquent et substituent au silence de l' évidence et de la certitude la rumeur de la confusion.
C.F.