Religion Dans L' Antiquité.
Héraclite parait d' abord avoir rejeté toute la divination dite artificielle, fondée sur l' interprétation des signes extérieurs, et la divination semi - subjective par les songes. Il éliminait arbitrairement la premiére, car il peuplait le monde d' assez de génies et d' ames sans corps pour occuper ces étres, comme l' a fait Pythagore, a la production des signes révélateurs ; mais la seconde n' était guére compatible avec son systéme. Héraclite enseignait en effet, que, pendant le sommeil, l' ame humaine, momentanément séparée de l' ame universelle par l' occlusion des sens, ne vivait plus d' une vie subjective, isolée de la conscience générale. Ce n' était donc pas le moment ou la pensée divine venait s' infuser dans l' intelligence : tout au plus pouvait on admettre que les barriéres refermées sur les sens n' étaient point infranchissables et que la révélation savait les entrou'ouvrir pour se glisser dans les perceptions confuses d' un demi - sommeil. Mais la révélation s' altére nécessairement par cet effort meme, et, si Héraclite accordait quelque créance aux songes, elle ne pouvait étre qu' hésitante et conditionnelle. Chalcidius parait s' y étre trompé et avoir transporté a Héraclite une doctrine stoicienne quand il donne comme étant commune a Héraclite et aux stoiciens l' opinion que l' ame devient capable de divination pendant le sommeil.
B.L.