Pythagore.
Pythagore reconnaissait deux mobiles des actions humaines, le premier, sortant d' une nature contrainte, appelé Nécessité ; le second, émanant d' une nature libre, appelé Puissance, et l' un et l' autre dépendant d' une loi primordiale sous - entendue. Cette doctrine était celle des antiques Egyptiens, chez lesquels Pythagore l' avait puisée. " L' homme est mortel par rapport au corps, disaient ils, mais il est immortel par rapport a l' ame qui constitue l' homme essentiel. Comme immortel, il a autorité sur toute chose ; mais relativement a la partie matérielle et mortelle de lui meme, il est soumis au dstin." On voit par ce peu de paroles, que les anciens Sages ne donnaient point au Destin l' influence universelle que quelques philosophes, et particuliérement les Stoiques, lui donnérent par la suite ; mais qu' ils le considéraient seulement comme exercant son empire sur la matiére. Il faut croire que lorsque les sectateurs du Portique le définissaient comme une chaine de causes en vertu de laquelle le passé a eu lieu, le présent existe, l' avenir doit se réaliser ; ou mieux encore comme la régle de la Loi par laquelle l' Univers est régi ; on doit croire, dis je, que ces philosophes confondaient le Destin avec la Providence, et ne distinguaient pas l' effet de sa cause, puisque ces définitions ne conviennent qu' a la Loi fondamentale dont le Destin n' est qu' une émanation. Cette confusion dans les mots dut produire et produisit en effet parmi les Stoiciens un renversement d' idées qui eut les plus tristes résultats ; car comme ils établissaient, d' aprés leur systéme, une chaine de biens et de maux que rien ne peut ni altérer ni rompre, on en tira facilement la conséquence que l' Univers étant soumis a l' entrainement d' une aveugle Fatalité, toutes les actions y sont nécessairement déterminées d' avance, forcées, et dés lors indifférentes en elles memes ; en sorte que le Bien et le Mal, la Vertu et le Vice, sont de vains mots, des choses dont l' existence est purement idéale et relative.
F.O.