Le Kairos.
Qu' elle épouse la forme d' un écart, d' un glissement, d' une faille ou de tout autre modéle de brisure d' une continuité, une rupture apparait comme l' occasion que la conscience attend, recherche ou suscite afin de s' insérer dans une suite d' instants suspendue et dont la suppression de l' un des chainons fait dévier la suite de son cours normal pour l' orienter dans une direction différente, souvent inattendue, sauf par la conscience elle meme. Entendue dans ce sens, la rupture mérite la qualification de Kairos et se préte a l' interaction de la conscience qui, elle, agit selon son intentionnalité propre : elle tire parti du moindre indice pour s' imposer sur la marche d' événements qui se présentent objectivement et pour s' accaparer la dynamique de leur progression de maniére quasiment définitive, tout en se réservant le privilége de procéder a des ajustements correctifs et améliorer son propre rendement en distinguant, a l' intérieur du Kairos principal, des Microkairoi censés faciliter son comportement. Dés lors, intentionnalité de la conscience et Kairos concourent a définir l' idée de Kairicité comme mettant en cause, d' une part, des éléments objectifs ( situations qui se prétent a évolution ) ; d' autre part, subjectifs ( exprimant une volonté expresse ) qui tendent a dominer les précédents a bréve ou a longue échéance.
M.E.