Fabre D' Olivet.
Deuxiéme examen.
Les brahmes indiens, que l' on peut regarder comme les types vivants de tous les sages et de tous les pontifes du monde, ne se permettent point, meme aujourd' hui ou leur longue vieillesse a effacé jusqu' aux traces de leur antique science, de proférer le nom de Dieu, principe de tout. Ils se contentent de méditer son essence en silence, et d' offrir des sacrifices a ses plus sublimes émanations. Les sages chinois en agissent de meme a l' égard de la cause premiére, qu' on ne saurait nommer ni définir ; les spectateurs de Zoroastre, qui font émaner de cette cause ineffable les deux principes universels du bien et du mal, Ormusd et Ahriman, se contentent de la désigner sous le nom de l' éternité. Les égyptiens, si célébres par leur sagesse, l' étendue de leurs connaissances et la multitude de leurs symboles divins, honoraient par le silence le Dieu principe et source de toutes choses ; ils n' en parlaient jamais, le regardant comme inaccessible a toutes les recherches de l' homme ; et Orphée leur disciple, premier auteur de la brillante mythologie des Grecs, Orphée, qui semblait annoncer l' ame du monde comme créatrice de ce meme Dieu dont elle était émanée, disait sans détours : " Je ne vois point cet étre entouré d' un nuage."
Fabre d Olivet.