Religion Dans L' Antiquité.
Le gouvernement du monde ne pouvait étre livré a deux volontés distinctes et indépendantes l' une de l' autre. Le mazdéisme lui meme admettait, entre ses deux principes antagonistes, une certaine subordination, et le génie hellénique n' a jamais cherché l' harmonie dans la discorde organisée. Il fallait donc que Zeus fut inférieur ou supérieur au destin ou encore que sa volonté se confondit avec les décrets de la fatalité. C' est a cette derniére solution que parait s' étre arrétée, au milieu de toutes ses inconséquences, la théologie homérique.
On voit bien que Zeus n' est pas tout puissant : il n' a pu arracher a la mort ni Héraklés ni sarpédon, et Athéné apprend a Télémaque que " les dieux eux memes ne peuvent préserver du sort commun un héros qu' ils chérissent, lorsque la fatale moere l' a saisi pour le plonger dans le profond sommeil de la mort ", mais le poéte évite de mettre Zeus en lutte avec le destin. Si le sentiment, chez le maitre de l' Olympe, se trouve parfois contraint dans son expansion, il l' est moins par une puissance extérieure que par l' intelligence meme du dieu, laquelle est en parfait accord avec le destin. On ne surprend jamais Zeus désapprouvant un seul des arréts de la destinée, et, en les faisant exécuter, il ne semble jamais réaliser une pensée distincte de la sienne. Aussi Homére appelle t il parfois le destin le " fatum de Zeus." Ailleurs, il associe Zeus et la moere pour montrer la parfaite harmonie de leurs volontés. On peut meme constater, dans la théologie homérique, une tendance marquée a subordonner le destin a Zeus, car l' Até, qui est une espéce de fatalité engendrée par le péché, est dite " fille ainée de Zeus."
Leclercq.