Marsile Ficin.
La terre - mére.
Il arrive un moment ou toute flamme avant de s' éteindre jette une lueur plus vive puis s' éclipse définitivement comme si elle avait consumé ses derniéres forces. Est ce la le symbole adéquat pour penser l' oeuvre de Marsile Ficin et sa reprise des anciens ? Quel a été le destin du moment ficinien ? A t il repris le flambeau du platonisme antique pour le faire briller une derniére fois avant qu' il disparaisse a tout jamais ? Ou bien a t il au contraire réouvert une voie philosophique qui sera désormais praticable par les esprits modernes ? L' effort de Ficin pour conjointement restaurer et rénover une tradition invite a s' interroger sur le statut de cette résurgence, pour savoir s' il s' agit essentiellement d' une cloture ou d' une inauguration. A en juger rapidement d' aprés la situation actuelle, nous ne paraissons pas avoir hérité du renouveau platonicien auquel se consacré Ficin. On considére habituellement que la vision moderne du monde est désacralisée, désenchantée, déspiritualisée, bref singuliérement étrangére au monde ficinien peuplé d' ames, de démons et autres esprits lumineux. Si l' on en croit les plaintes ordinairement proférées, nous aurions au contraire déja passé l' heure de la mort de l' ame. Mais il reste a savoir dans quelle mesure ce lieu commun correspond a une vérité philosophique. Notre propos visera donc a interroger l' effort ficinien et sa postérité, de facon a déterminer s' il est parvenu a réouvrir durablement la voie du platonisme.
Pierre.