La Tradition.
La réitération séculaire d' un geste rituel, d' une parole sacramentelle, d' une posture, d' une psalmodie n' entretient pas seulement la mémoire, elle l' associe profondément a tout l' effort intérieur, la fortifie, la régénére. L' église apparait comme " L' incarnation continuée " : par l' intermédiaire de ses ministres, le Christ confére la vie Divine au baptisé ; il se réitére journellement dans l' Eucharistie ; lui meme déclare qu' il avec les siens "tous les jours jusqu' a la fin des temps." Les textes de base qui ponctuent l' année liturgique - ainsi du psaume 104, lu chaque soir aux vépres, dans l' église Orthodoxe - les cinq priéres quotidiennes de l' Islam, la Gayatri, récitée cent huit fois, chaque matin et chaque soir, par les Brahmanes de stricte observance, ne sont que quelques exemples dont la liste serait longue. Mais on ne saurait omettre l' exemple type de la répétition en tant que méthode spirituelle, a savoir l' invocation mémorisante d' un Nom Divin, supréme référence autour de laquelle s' évanouissent les agitations centrifuges, les distractions, les bavardages, et tout ce qui suscite chez l' homme l' absence d' axe et d' Unité. Il est connu que l' inlassable répétition d' un Nom Divin récitée, psalmodiée ou chantée ( comme dans les Blajan ), finit par briser les résistances, les durcissements intérieurs, et a faire que l' invocant, en s' identifiant au Nom, s' identifie peu a peu a la Présence qu' il recéle.
B.J.