L' Olympe Des Dieux.

A d' autres égards, les mythes ressemblent beaucoup a des contes de fées. Il s' agit trés souvent d' un jeune homme parti vers une contrée lointaine et traversant diverses épreuves pour gagner la main de la fille du roi, ou du magicien ; victorieux, il deviendra le Maitre du royaume et vivra heureux, aprés avoir écarté - voire tué - le pére de sa fiancée. On rencontre quelques variantes : le jeune homme quitte d' ordinaire sa famille a la suite d' intrigues ou de crimes fomentés par une belle - mére ; le pére de la princesse peut craindre aussi que son beau - fils ne veuille attenter a sa vie et prendre, aidé des prétendants évincés, l' initiative du combat ; parfois, c' est son petit - fils ( souvent engendré par un Dieu ) qui le menace, et il cherchera a s' en débarrasser - ainsi que de sa mére - mais l' enfant sera miraculeusement sauvé par des bétes sauvages qui se chargeront de le nourrir. Il finira par tuer son grand - pére aprés avoir lui meme trouvé une fiancée.

Il est certain que ces récits ont toujours satisfait quelque obscur besoin du public. C' est pourquoi des explications de type psychologique - freudiennes en particulier - peuvent éclairer de nombreux aspects du mythe. On en proposera quelques unes dans cette étude. Mais ce genre de conte nous est si familier qu' on en arrive a oublier sa caractéristique principale - a savoir que jamais le fils n' est l' héritier de son pére. Les épisodes les plus choquants deviennent donc compréhensibles, si on considére qu' ils expriment le rejet, par une culture patrilinéaire, de la succession par les femmes, ou de ses survivances. Le fait que de nombreux héros épousent la fille de leur frére confirme cette hypothése.

L' étude de la mythologie semble encourager les spéculations les plus fantaisistes. Le poéte ou le romancier peuvent voir partout des déesses - méres, mais  non l' anthropologue sérieux. Néanmoins, on  peut admettre que certains mythes conservent les traces d' une époque ou les reines possédaient la véritable souveraineté et pouvaient a leur guise destituer leur mari du titre de roi pour le donner a un nouvel époux, ou au mari de leur fille. D' autres laissent parfois penser que le roi personnifiait une divinité - qui pouvait aussi prendre une forme animale - et qu' il pouvait gagner l' immortalité en s' immolant, ou en immolant son fils.

L.R.