Synchronicité.

Toutefois il faut dire que selon Kammerer les accumulations de ce type, si elles échappent a l' action d' une cause commune et sont donc acausales, sont cependant aussi une expression du principe général d' inertie. Cette simultanéité dans " L' accumulation et la juxtaposition du meme ", il l' explique par " L' imitation." Mais il se contredit par la lui meme, car l' accumulation de hasards n' est nullement ainsi " Soustraite au domaine ou l' explication est possible " : au contraire elle y est intégrée, comme on devait s' y attendre, et peut étre ramenée sinon a une cause commune, du moins a une pluralité de causes. Les concepts de Kammerer : sérialité, imitation, attraction et inertie prennent place dans une image causaliste du monde, et ne disent rien de plus que l' accumulation de hasards elle meme, qui correspond a la probalité statistique et mathématique. Le matériel de faits cité par Kammerer ne comporte que des séries de hasards qui n' obeissent a aucune autre loi que celle de la probabilité, c' est a dire que l' on ne voit aucune raison de chercher quoi que ce soit d' autre derriére elles. Pourtant Kammerer cherche derriére elles, pour une raison obscure, plus que la seule loi de probabilité ne peut garantir : une loi de sérialité, qu' il voudrait introduire a coté de la causalité et de la finalité. Mais, encore une fois, cette entreprise n' est nullement accréditée par le matériel de faits qu' il cite. Tout ce que je peux dire pour expliquer cette évidente contradiction, c' est qu' il avait l' intuition obscure mais fascinante d' une ordonnance acausale dans la succession des événements : comme toutes les natures contemplatives et sensibles, il ne pouvait échapper a l' impression spécifique que produisent d' ordinaire les hasards accumulés et, suivant ses dispositions a la pensée scientifique, il a tenté hardiment de postuler une sérialité acausale en se fondant sur un matériel empirique qui demeurait dans les limites de la probabilité. Par malheur, il n' a pas essayé de saisir la sérialité par la méthode quantitative. Une telle entreprise a vrai dire aurait soulevé des questions difficiles. Quans il s' agit de chercher une orientation générale, l' étude de cas isolés peut rendre de bons services ; face au hasard, seule la saisie quantitative, la méthode statistique permet d' espérer le succés.

J.C.