Synchronicité.

La vision du monde qui se fonde sur cette démarche et que l' on appelle scientifique ne peut étre, en conséquence, rien d' autre qu' une vision partielle et psychologiquement prédéterminée, dans laquelle on regrette l' absence de tous les aspects que la statistique ne peut saisir mais qui ne sont pas pour autant dénués d' importance, tant s' en faut. Or pour appréhender de quelque facon tous ces événements uniques ou rares, il semble d' abord que l' on en soit réduit a des descriptions également " Uniques ", cas par cas. Il en résulterait sans doute une collection chaotique de curiosités rappelant ces vieux cabinets de naturaliste ou l' on trouvait, a coté des fossiles pétrifiés et de monstruosités anatomiques, l' appendice de la licorne, l' homuncule de la mandragore et quelque siréne momifiée. Les sciences descriptives, comme par exemple la biologie au sens le plus large, connaissent fort bien les " Phénoménes uniques " de ce genre, et il suffit dans ce domaine d' un seul exemplaire répertorié de l' étre vivant le plus invraisemblable pour en attester l' existence. Il est vrai que dans ce cas des observateurs nombreux ont l' occasion de se convaincre par leur propre expérience sensible de cette existence. Mais lorsqu' il s' agit d' événements passagers qui ne laissent derriére eux d' autres traces saisissables que par exemple des traces mnésiques dans des tétes isolées, un seul témoin ne suffit plus, ni meme plusieurs, pour qu' un tel événement, unique en son genre, apparaisse comme absolument crédible. On ne sait que trop combien les témoignages sont peu fiables ! Dans de tels cas on voit s' imposer l' impérieuse nécessité d' enquéter pour savoir si l' événement qui semble unique l' est en effet, dans le champ de l' expérience, ou si l' on peut en trouver quelque part de semblables ou du moins d' analogues.

J.C.