études Grecques.
Socrate avait trop de sagacité pour ne pas comprendre que si la Foi en la Divination pouvait dégénérer facilement, chez les individus inquiets et timorés, en faiblesse d' esprit, le danger était plus sérieux encore pour les états. Il vivait en un temps ou les orateurs d' Athénes faisaient voter le peuple sous la pression des " Oracles " qu' ils invoquaient en guise d' arguments. Un état monarchique, dont le souverain serait superstitieux, tomberait sous la domination des Devins. Socrate n' a pas dit sa pensée sur cette question délicate, mais on en trouve l' écho dans les défiances de ses disciples a l' égard des instruments de la Révélation. Xénophon, dans la Cyropédie, conseille aux rois, par la bouche d' Astyage, d' apprendre eux memes la Mantique pour ne dépendre de personne, et Platon a soin de garantir son état modéle contre l'abus de la Révélation. En limitant ainsi l' usage de la Divination, Socrate n' établissait pas de distinction entre les diverses méthodes Divinatoires. Il acceptait sans doute toutes celles qui étaient consacrées par l' usage. Cependant il avait une prédilection particuliére pour la Révélation intérieure, celle qui met l' Ame en communication directe, bien que confusément percue, avec la Divinité. Il était convaincu qu' il portait en lui meme un Oracle dont il écoutait la voix avec déférence. C' était la ce qu' il appelait son Démon ou Génie, étre mythique par lequel il désignait une inspiration Divine, distincte de sa propre conscience. Il croyait de meme aux Songes et aux Pressentiments, qui ne différent pas sensiblement des autres formes de la Révélation intérieure.
B.L.