Pythagore.
Le premier qui donna lieu a cette accusation, dans les temps anciens, fut un certain Moschus, philosophe Phénicien, qui, selon Strabon, vivait dans l' époque ou l' on place la guerre de Troie, c' est a dire environ douze ou treize siécles avant notre ére. Ce philosophe s' étant détaché de la doctrine théosophique, seule connue de son temps, et ayant cherché la raison des choses dans les choses elles memes, peut étre considéré comme le vrai fondateur de la Physique : il fit, le premier, abstraction de la Divinité et de l' intelligence, et prétendit que l' Univers existant par lui meme était composé de particules indivisibles, qui, douées de figures et de mouvements divers, produisaient, par leurs combinaisons fortuites, une série infinie d' étres, se générant, se détruisant, se renouvellant sans cesse. Ces particules, que les Grecs nommérent atomes a cause de leur indivisibilité, constituérent le systéme particulier qui porte encore ce nom. Leucippe, Démocrite, Epicure, l' adoptérent en y ajoutant leurs propres idées ; et Lucréce l' ayant naturalisé chez les Romains, favorisa son passage jusque dans ces temps modernes, ou la plupart de nos philosophes n' ont fait que le renouveller sous d' autres formes. Il n' y a point assurément de systéme d' ou la Nécessité Fatale de toutes choses sorte plus inévitablement que de celui des atomes ; aussi est il certain que Démocrite fut accusé d' admettre un Destin nécessitant, quoiqu' il attribuat, comme Leibnitz, a chaque atome une nature animée et sensitive. On ne sait s' il répondit a cette accusation ; mais on a des preuves certaines qu' Epicure, qui avait moins de droit que lui de la repousser, puisqu' il regardait les atomes comme absolument inanimés, la repoussa néanmoins, et que ne voulant point admettre un dogme subversif de toute morale, il se déclara contre lui, et enseigna la liberté de l' homme.
F.O.