L' Alchimie.
Récit.
La Pierre : ils se déclarent nettement la - dessus, lorsqu' ils disent qu' ils ne révélent jamais moins le secret de leur Art, que lorsqu' ils parlent clairement, et selon la maniére ordinaire de s' énoncer, mais ils avouent au contraire que lorsqu' ils se servent de similitudes, de figures et de paraboles, c' est en vérité dans ces endroits de leurs écrits qu' ils manifestent leur Art : car les Philosophes, aprés avoir discouru de l' Or et du Mercure, ne manquent pas de déclarer ensuite, et d' assurer que leur Or n' est pas le Soleil ou l' Or vulgaire, et que leur Mercure n' est pas non plus le Mercure commun, en voici la raison.
L' Or est un métal parfait, lequel a cause de la perfection que la nature lui a donnée, ne saurait étre poussé par l' Art a un degré plus parfait y de sorte que de quelque maniére qu' on puisse travailler avec l' Or, quelque artifice qu' on mette en usage, quand on extrairait cent fois sa couleur et sa teinture, l' Artiste ne fera jamais plus d' Or, et ne teindra jamais une plus grande quantité de métal, qu' il y avait de couleur et de teinture dans l' Or, dont elle aurait été extraite : c' est pour cette raison que les Philosophes disent qu' on doit chercher la perfection dans les choses imparfaites, et qu' on l' y trouvera.
Raimond Lulle, que tu m' as cité, est de ce meme sentiment, il assure que ce qui doit étre rendu meilleur, ne doit pas étre parfait, parce que dans ce qui est parfait y il n' y a rien a changer, et qu' on détruit bien plutot sa nature que d' ajouter quelque chose a sa perfection.
G.L.