L' Imagination.
C' est en s' interrogeant sur l' union de l' ame et du corps et le rapport qu' ils entretiennent dans l' ordre de la connaissance et de la morale que Descartes, Spinoza et Malebranche en viennent a questionner la nature et les effets de l' imagination. Si ces auteurs reconnaissent l' imagination comme faculté de l' ame, ils ne la considérent pas pour autant comme une " Partie " de l' ame. La division de l' ame, principe de l' organisation aristotélicienne et de sa beauté, donnant naissance a différentes espéces d' ames ( ame intellective, imaginative, sensitive ), est ici abandonnée en vue d' une définition unique de l' ame. Cette remarque a son importance puisqu' elle nous aide a mieux cerner le défi du dix septiéme siécle et l' influence qu' il exerce sur la détermination de l' essence imaginative. Si Aristote met en place une sorte de psychologie, son étude passe d' abord par une physiologie de l' ame : son intérét ne se porte donc pas d' emblée sur la valeur et les conséquences négatives ou positives de l' imagination. Il cherche davantage a étudier les conditions physiologiques de ce phénoméne qu' est l' acte d' imagination ( la fantasia évoquant implicitement le verbe phainesthai " Apparaitre "), d' ou un premier role de l' imagination de percevoir les sensibles communs. Mais si l' on considére, comme Descartes, que l' ame est une res cogitans, soit une substance pensante, la raison d' étre de l' ame s' identifie a l' acte de penser et la sensation, la volonté, l' imagination, l' intellection, a des modes de sa pensée. Partant, c' est toute l' ame qui imagine une chimére ou pense que deux et deux font quatre. Ce n' est plus une partie de l' ame qui s' oppose a une autre partie de l' ame ; c' est l' ame tout entiére qui s' oppose a elle meme, quand elle veut penser et non pas imaginer. Descartes, face a Aristote, sauve la simplicité de l' ame, mais a un certain prix. Désormais l' ego qu' est l' ame ne peut étre évacué de " Je pense " : l' ego est cogito. Mais l' ego est aussi imagination, ce qui dramatise d' autant plus la valeur de cette faculté de l' ame puisque seul ce qui découle de l' évidence d' une pensée claire et distincte est source d' Unité.
C.F.