Pythagore.
Le précepte.
Tout le monde connait le petit poéme gnomique intitulé les vers d' Or, qui devait étre le manuel, le bréviaire du pythagoricien et qui renferme la plus pure substance de la morale, la fleur choisie des préceptes de l' école, non sans parfum poétique. Ce poéme, attribué par les uns a Pythagore lui meme, par d' autres a Lysis, son disciple, par d' autres encore ou a Philolaus ou a Empédocle, ne remonte pas sans doute a une si haute Antiquité, mais il est certainement antérieur au christianisme, puisque des écrivains qui ont vécu avant notre ére, entre autres le stoicien Chrysippe, y ont fait quelquefois allusion. Que nous ignorions le nom de l' auteur, que les anciens eux memes l' aient ignoré, il ne faut pas s' en étonner. Souvent des doctrines, des doctrines religieuses surtout, ont produit des livres de pieuse morale écrits par une main inconnue, livres d' autant plus respectés qu' ils sont anonymes, dont le charme et le crédit tiennent au mystére qui les couvre, qui paraissent écrits pour tout le monde précisément parce qu' ils ne portent pas le nom de personne, et dont les adeptes enfin font leurs plus chéres délices, la vérité morale n' étant jamais plus touchante que si elle se présente comme d' elle meme, sans intermédiaire, dans sa simplicité en quelque sorte divine.
Martha.