Rumi.
En 1244, Mowlana Jalal Al - Din était en effet un théologien confirmé et respecté en meme temps qu' un maitre spirituel reconnu et entouré de disciples fervents. Il avait acquis toutes les connaissances possibles dans les matiéres religieuses et atteint un haut degré de réalisation spirituelle. Maitre accompli, il avait tout, il savait tout, en apparence. Il lui manquait l' essentiel pourtant : la vision de la théophanie et la commotion qui en découle. Il lui manquait ce bouleversement de l' étre tout entier, l' annihilation dans l' autre, la libération des forces de vie, la respiration de l' ame dans l' extase, toutes choses qu' il vivra grace a Shams, par Shams, avec Shams, et qu' il nommera " Amour." " Amour ", bien faible traduction, faute de mieux, du mot 'eshq qui en persan dit le désir ardent, celui qui s' accroche a l' étre comme le lierre, puissance dynamique :
" L' Amour, c' est envoler vers le ciel,
L' Amour, c' est déchirer cent voiles a chaque souffle
Dés le premier souffle, interrompre le souffle
Dés le premier pas, se couper des pas.
et alchimique a la fois :
J' étais mort, je devins vivant, j' étais pleurs, je devins rire
Le régne de l' Amour est venu, je devins régne éternel.
Note:
Le gazal désigne en persan une ode lyrique.
Leili Anvar.