Fabre D' Olivet.
Deuxiéme examen.
Je ne pourrais entrer dans la discussion du fameux symbole de Pythagore, un, deux, sans dépasser de beaucoup les bornes que je me suis prescrites dans ces examens ; qu' il me suffise de dire que, comme il désignait Dieu par 1, et la matiére par 2, il exprimait l' Univers par le nombre 12, qui résulte de la réunion des deux autres. Ce nombre se formait par la multiplication de 3 par 4 : c' est a dire que ce philosophe concevait le Monde universel composé de trois mondes particuliers, qui, s' enchainant l' un a l' autre au moyen des quatre modifications élémentaires, se développaient en douze sphéres concentriques. L' étre ineffable qui remplissait ces douze sphéres, sans étre saisi par aucune, était Dieu. Pythagore lui donnait pour ame la vérité, et pour corps la lumiére. Les intelligences qui peuplaient les trois mondes étaient, premiérement, les Dieux immortels proprement dits ; secondement, les Héros glorifiés ; troisiémement, les Démons terrestres. Les Dieux immortels, émanations directes de l' étre incrée, et manifestations de ses facultés infinies, étaient ainsi nommés, parce qu' ils ne pouvaient pas mourir a la vie divine, c' est a dire qu' ils ne pouvaient jamais tomber dans l' oubli de leur Pére, errer dans les ténébres de l' ignorance et de l' impiété ; au lieu que les ames des hommes qui produisaient, selon leur degré de pureté, les héros glorifiés et les démons terrestres, pouvaient mourir quelquefois a la vie divine par leur éloignement volontaire de Dieu ; car la mort de l' essence intellectuelle n' était, selon Pythagore, imité en cela par Platon, que l' ignorance et l' impiété. Il faut remarquer que, dans ma traduction, je n' ai point rendu le mot Grec daimonas par le mot démons, mais par celui d' esprits, a cause du mauvais sens que le christianisme y a attaché, comme je l' ai déja exposé dans une note précédente.
Fabre d Olivet.