Essai Sur L' Amour.
La ou nous croyons pouvoir qualifier " Amour " notre état psychique a la vue d' un étre, il n' y a pas seulement préférence organique, c' est, la création,, a dire l' obscure prescience d' une copulation génératrice de produits sains et beaux. A cette préférence, a cette prescience, nous ne songeons pas : nous ne nous en tenons qu' a supputer l' intensité du plaisir, sans souci de servir aux fins de la nature. Notre déviation intellectuelle est si grande que si, devant une femme aimée, notre premiére pensée était : " Je la veux parce qu' elle fera un bel enfant ", nous nous trouverions aussi grossiers que l' étalon ou le taureau : et nous ne avouons meme notre voeu de l' étreinte qu' avec des restrictions sentimentales et des enjolivements. Notre tendance est d' avoir une préférence morale, de nous élever a l' estime et a la tendresse, de créer un étre abstrait auquel s' adressera notre effusion psychique. Nous le créons d' aprés quelques indices dont nous ne demandons qu' a majorer l' importance, et dont nous faussons au besoin le controle. Le fait d' avoir besoin de cette amplification, de justifier et de magnifier notre désir pur et simple, de lui agréger toutes les formes de supériorité morale et idéologique, afin d' arriver a nous convaincre que cet étre est vraiment unique et irremplacable, ce fait est la naissance elle meme de l' amour, c' est a dire une projection de notre moi, un élan hypersexuel, une majoration cérébrale de toutes les valeurs. Sans cette hallucination volontaire et cette auto - suggestion, il n' y a pas amour, mais simplement convoitise sexuelle ; et puisqu' il est loyal de ne point user des mots sans déclarer la définition précise qu' on en a acceptée, c' est dans ce sens que je parlerai de " l' amour " au cours de cette étude.
Mauclair.