L' Imaginal.
L' imaginal comme schéme néoplatonicien.
Pendant plus de quarante ans, Henry Corbin a exploré la gnose et la philosophie du monde iranien, traduisant de nombreux traités spirituels, présentant les grands penseurs oubliés de cette tradition, retracant les grandes étapes historiques de cette philosophie irano - islamique. Les résultats de ses enquétes, menées a la croisée de la philosophie et de la théologie, l' ont conduit a dégager une conception théurgique de l' image qui culmine dans les récits extatiques, articulant une logique du Mundus Imaginalis, une vision de monde qui serait tributaire du développement proprement oriental et iranien de la tradition néoplatonicienne. Notre propos sera de présenter les fondements de cette logique de l' imaginal, afin de mesurer la pertinence de cette tradition orientale en regard du néoplatonisme occidental. A force d' avoir insisté sur le geste qui conduit Henry Corbin de la philosophie heideggerienne vers la philosophie orientale, les commentaires ont quelque peu occulté le second temps de l' oeuvre, celui du retour, du rapatriement de ce schéme imaginal vers la tradition occidentale, afin d' esquisser une vaste fresque historique de la pensée néoplatonicienne. La perspective de ce travail reléve avant tout de la philosophie comparée, bien que nous ne pourrons ignorer les présupposés théologiques sur lesquels repose l' élaboration du Mundus Imaginalis. Ainsi, nous partirons de l' élaboration phénoménologique des recherches de Corbin pour voir comment, dans le sillage de Heidegger, les questions de l' herméneutique et de la temporalité conduisent a la genése d' une logique de l' imaginal, avant d' esquisser ce geste du retour de l' imaginal vers la pensée occidentale, inscrit dans la perspective d' une histoire comparée du néoplatonisme irano - européen.
Stéphan Massonet.