L' éthique stoicienne des sentiments.

1) L' amour d' amitié.

Selon les stoiciens, nous devons d' avance " embrasser " la nature de l' étre aimé afin que son image soit définie rationnellement : s' il est mortel, nous devons l' aimer en tant que mortel, imposer par la volonté a cet amour - la les bornes et les limitations que la nature impose a l' objet - meme de notre amour. Cette idée est explicitement illustrée dans le manuel : a propos de chacune des choses qui t' enchantent, n' oublie pas de formuler quelle elle est, en commencant par les plus petites ; si tu aimes une marmite, dis : " J' aime une marmite." La meme recommandation s' applique, un peu plus bas dans ce texte, aux étres humains. Cette volonté de rationnaliser le moindre rapport avec l' altérité, quelle qu' elle soit, est une nouvelle manifestation de l' omniprésence de la raison toute puissante dans le stoicisme. La raison préserve l' homme des tourments des passions. Son attachement a tout étre doit étre raisonné. En lui, il aimera la raison, présente en toute chose et en tout étre. L' amour d' amitié est une rationalisation de l' amour. Il n' est plus ce dernier mais n' est pas encore l' amitié, digne fin supréme. L' " amour d' amitié " est donc un intermédiaire entre l' amitié et l' amour.

Cyril Morana.