Le Pélerin De L' Occident.
Avicenne ou un aristotélisme fortement néoplatonisé.
1) La métaphysique des essences.
La métaphysique d' Avicenne est une métaphysique des essences et celle ci restera la pensée dominante dans la tradition iranienne de l' Avicennisme jusqu' au jour ou Molla Sadra Shirazi lui substituera une métaphysique de l' exister et de présence. Il donnera ainsi a l' acte d' étre la préséance sur l' essence. L' essence, ou la nature, ou la quiddité d' une chose est neutre tout autant par rapport a la condition négative qui l' empéche d' étre une idée générale qu' a l' endroit de la condition positive qui l' actualise dans un individu. L' exister, l' étre est alors quelque chose, un accident qui se surajoute a l' essence, mais un accident nécessaire. Dés lors la notion d' étre se dédouble en étre nécessaire et possible. Possible est ce quelque chose qui est, mais qui n' existerait jamais sans qu' une cause la rende nécessaire. L' étre nécessaire crée le monde par émanation ou par l' acte meme de la pensée divine ; et cette connaissance que l' étre divin a éternellement de soi meme n' est rien moins que la premiére émanation, la premiére intelligence. La création a donc pour cause dans la philosophie péripatéticienne la polarisation de l' étre en étre nécessaire et possible, et l' intellection que Dieu se fait de soi meme, c' est a dire l' acte " meme de la pensée divine se pensant soi meme."
La cosmologie d' Avicenne se présente ainsi comme une " phénoménologie de la conscience angélique." Sa théorie de connaissance est solidaire de sa métaphysique. La procession des intelligences chérubiniques est une angélologie qui fonde tout autant la cosmologie que la gnoséologie, dont dépend par ailleurs l' anthropologie Avicenienne.
Shayegan.