La Vie Continue De L' ame.
L' amour.
Pour les ames qui désirent la libération, l' amour est tout autre chose. Il est le sentiment de la solidarité étroite de toutes les créatures de dieu, l' oubli de soi meme et le désir du bien véritable des hommes. Il faut insister sur le fait que vouloir le bien des autres n' est pas toujours faire leur bonheur ainsi qu' on le concoit généralement. On trouve cruel de contrarier ceux qu' on aime, de leur refuser des choses qu' on pourrait leur donner ; on s' aveugle sur leur valeur et, ainsi, on aide leurs ames a s' égarer. Curieux amour qui sacrifie l' éternel au temporel, qui perd les ames pour satisfaire les corps, et qui, en fait, n' est qu' une forme de l' amour de soi. Participer a la perte des ames en évitant les conflits, n' est ce pas une forme de veulerie et de faiblesse dont on camoufle la malfaisance sous le nom d' amour ? étre faible, consentant a toutes les erreurs et les fautes de ceux qu' on dit aimer est une chose regrettable. Autre chose est d' aimer la créature réelle, celle qui s' efforce vers dieu, de l' aider a redresser au fur et a mesure les erreurs de sa vie. Cette forme d' amour est bien loin au dela des instincts. Elle voit l' ame et son bien supréme qui est l' avancement vers dieu, et cela au détriment de sa propre tranquillité et d' une fausse conception de la vie et des destinées supérieures de l' ame humaine.
Rousseau.