Religion Dans L' Antiquité.
Avant - propos.
Ainsi, d' Hésiode a Sophocle, la théologie poétique avait travaillé a éliminer du monde la conception immorale d' un destin irrationnel, supérieur a toute intelligence, dont l' étreinte aveugle enchainait toute liberté, et a le remplacer par la raison divine, conception mixte en laquelle l' immutabilité du destin se combine avec l' intelligence.
La théologie achéve sa tache avec Sophocle. Euripide abandonne le domaine des croyances traditionnelles pour accueillir les conceptions philosophiques. Désormais, la poésie laisse au raisonnement, déja aiguisé et subtil, le soin de chercher a tous les grands problémes des solutions satisfaisantes. Le vulgaire reste ce qu' il était, inconséquent par nature, tout a la fois curieux de divination, prodigue de sacrifices et vaguement persuadé que la destinée est immuable. Les poétes, parmi lesquels on peut bien compter Hérodote, ne s' élévent guére au - dessus de l' opinion commune.
Hérodote, qui montre une foi si vive a l' infaillibilité des oracles et qui n' est pas sans avoir entendu disserter les philosophes ioniens, est bien plus prés de sacrifier aux uns la liberté humaine et aux autres la liberté divine, tout en maintenant le principe de la responsabilité. L' homme ne peut aller a l' encontre de la volonté des dieux, et, d' autre part, " il est impossible, meme a la divinité, d' échapper a l' étreinte fatale du destin." Philémon dira plus tard : " Les hommes sont esclaves des rois ; un roi l' est des dieux ; un dieu, de la nécessité."
Leclercq.