Religion Dans L' Antiquité.
Avant - propos.
Dans le monde actuel, il n' y a donc plus qu' une puissance maitresse, la volonté de Zeus réglée par sa sagesse. Eschyle arrive ainsi a la conception la plus pure de la Providence. Mais, quelle est, en face de cette Providence libre, la part d' initiative laissée a l' homme ? Eschyle se garde bien de supprimer, avec la liberté, la responsabilité humaine. Quiconque est malheureux a mérité de l' étre. Il y a, a l' origine de toutes les infortunes, un péché, ordinairement fruit de la présomption et de l' orgueil. Ce péché formel, les dieux peuvent pousser a le commettre l' homme qui mérite un chatiment, afin d' avoir un motif palpable pour le punir. Eschyle ménage ainsi la transition entre l' ancienne morale, qui se bornait a apprécier les actes, et la nouvelle, qui tient compte de l' intention. Les dieux font en sorte de transformer en acte punissable l' orgueil impie que leur regard a surpris dans les profondeurs de la conscience. " Quand un homme court a sa perte, les dieux l' aident a s' y précipiter." Dés lors, le coupable est poursuivi par la vengeance divine, et ses malheurs s' enchainent en une série ininterrompue qui dépasse souvent les limites de sa propre existence et se continue dans sa postérité. Cette fatalité n' est plus une force aveugle comme l' antique destin, c' est l' inexorable logique divine en vertu de laquelle le mal engendre le mal jusqu' a ce que la sinistre fécondité du péché soit épuisée.
Leclercq.