La Vie Continue De L' ame.
La connaissance.
Les hommes de savoir sont nombreux, car le cerveau humain peut embrasser des sujets trés étendus. Il suffit d' une mémoire développée. ce savoir humain accéde aux choses qui tombent sous les sens et que l' esprit de l' homme peut codifier en lois, qui se répétent et se vérifient a volonté. Le savoir prétend connaitre en allant de l' extérieur a l' intérieur. Ce serait bien si le sujet des recherches était simple et s' il ne se rattachait pas toujours a des lois générales et complexes. Aprés avoir appréhendé cette part extérieure des choses, on s' apercoit que l' essentiel échappe et qu' on peut connaitre tout de l' homme, de ses organes, de ses fonctions, de ses rapports avec l' extérieur, mais qu' on reste toujours aussi ignorant de ses racines et de ses buts. Vos péres, qui étaient moins instruits, dont la culture scientifique était moindre, avaient compris qu' il était plus important de connaitre que de savoir, de saisir les intimes ressorts de l' ame que d' envisager l' extérieur. Cette connaissance n' est pas aisée, car elle embrasse tout de l' humanité, mais également de l' univers. Il faut comprendre que l' homme en lui meme n' est rien et que, pour pénétrer en son ame, il faut l' intégrer a cet univers dont il est partie. La science des anciens, celle d' Hermés, de Pythagore, le prenait dans son entier, se souciant de son ame au meme titre que de son corps, car, si l' ame est une chose invisible, elle reste le moteur de toute vie. La connaissance ne s' acquiert pas par les memes moyens que le savoir. Si l' on veut admettre qu' une ame humaine ne peut étre réduite en équation, que, malgré la psychologie, la psychanalyse et autres sciences - dites de l' ame - il reste une marge d' inconnu que personne ne peut violer, que penser alors de la création attaquée par le dehors avec des moyens ingénieux, certes, mais incomplets ? Il doit exister une autre science. Elle trouve son expression dans une introspection profonde de l' étre et dans l' étude des ressorts cachés de l' ame et aussi dans une discipline destinée a maitriser le cerveau et les instincts afin de faire affleurer cette ame dont le commun se préoccupe peu, donnant toute son attention a des buts fugitifs et illusoires.
Rousseau.