Les Mythes.
Avant - propos.
Pourtant, malgré la force de la conviction sous - jacente a cette apologie de la gloire pérennisée par l' écrit, la question du salut, au sens étymologique du terme - ce qui peut nous sauver de la mort ou, du moins, des peurs qu' elle suscite - n' est toujours pas vraiment réglée.
Certes, j' évoquais a l' instant le nom d Achille, et certains diraient peut étre qu' en ce sens il n' est pas tout a fait mort.........Dans nos mémoires, sans doute, mais en réalité ? Allez donc demander a sa mére, Thétis, ce qu' elle en pense ! Bien sur, c' est une image, puisque ces personnages ne sont pas réels - ils sont seulement légendaires. Mais imaginons un peu : je suis sur qu' elle donnerait tous les livres de la terre et toutes les gloires du monde pour serrer dans ses bras son petit garcon. Pour elle, a n' en pas douter, son fils est bel et bien mort, et le fait qu' il soit " conservé " sous forme imprimée, dans les rayons de nos bibliothéques, lui est assurément une bien piétre consolation. Et Achille lui meme, qu' en pense t il ? Si l' on en croit Homére, il semble bien qu' a ses propres yeux la mort glorieuse, au cours de combats héroiques, n' en valait guére le coup ! C' est la du moins ce qu' enseigne un étonnant passage de l' odyssée. Arrétons nous un instant a cet épisode, au plus haut point significatif de cette question du salut, essentielle entre toutes puisqu' elle renvoie indirectement, comme par contrecoup, a celle de la vie bonne, justement définie comme une vie de mortel enfin " sauvée " des peurs. A vrai dire, nous allons voir que ce passage de l' odyssée éclaire lui aussi de maniére lumineuse la signification de la mythologie tout entiére.
Luc.