Platon Et La Voie Du Coeur.
Le corps entre perception et sensibilité.
C' est dans le timée que Platon va le plus loin dans sa philosophie du corps humain. Nous n' en retiendrons que l' analyse qu' il donne des sens et des sensations qu' ils procurent. Platon ne se contente pas de discerner analytiquement les cinq sens. Pour lui, le toucher est d' une autre sorte que les sensations attachées a un sens particulier. Parce que le toucher ne concerne pas seulement une partie du corps, mais tout le corps. Nous avons a chaque instant un grand nombre de sensations tactiles, pour autant que notre corps repose quelque part, qu' il est constamment en contact avec une matiére qui n' est pas la sienne. Les sensations liées a un sens localisable dans le corps sont surtout des outils de perception : des odeurs, des saveurs, des sons et des couleurs. Le toucher est lui aussi source de perception mais il est encore plus attaché aux plaisirs et aux douleurs qu' il procure. C' est qu' en fait Platon distingue bien deux directions dans la réflexion sur les sens. La premiére est de s' interroger sur la maniére dont on passe de la sensation a la perception, puis de la perception a la représentation d' un monde extérieur. La deuxiéme consiste a s' interroger sur le plaisir et la douleur. Parce que la philosophie occidentale moderne a été dominée par la philosophie de la connaissance, la premiére direction a été davantage explorée et a meme conduit a faire passer au second plan la question du plaisir et des peines. Il en va sans doute différemment dans les civilisations, ou les traditions de penser, qui n' ont pas donné cette primauté a la perception comme moyen de connaissance. Par exemple, dans tous les courants libertins d' inde ou d' europe, la question du plaisir qui peut passer par le toucher ou par les autres sens vient au premier plan. Il n' en demeure pas moins que cette question du plaisir dans le toucher, l' odorat, le gout, etc n' a pas recu une place centrale dans la philosophie européenne, ce qu' on pourrait montrer sur bien des auteurs.
Or cette question du plaisir est importante et va nous retenir car si nous tenons a nos sensations, si nous refusons bien souvent de nous en retirer, c' est parce qu' elles nous procurent du plaisir. Faut il, pour pratiquer la vie méditative, rejeter les plaisirs des sens et nous extraire de toute la sensualité qui nous lie a notre entourage ?
Diotime.