Les Platonismes A La Renaissance.
avant - propos.
fallait il que l' homme fut malade de son ame serve et aveuglée , pour qu' il doutat de son immortalité ! celle ci , prise au carcan d' un corps périssable , ballottée en tout sens par une perpétuelle inquiétude , dormant veillant et veillant dormant , méne une vie semblable a un songe. tel est du moins le sort des mélancoliques , que l' esprit de saturne condamne a l' introversion comme pour les amener a mieux pénétrer le coeur de toutes choses. l' auteur du de lumine ( 1492 ) sait qu' il n' est d' autre reméde a cette maladie que la lumiére visible qui dissipe les ombres , rationnelle qui redresse les erreurs , intelligible qui donne a chaque étre sa gouverne , divine qui confére a tout vivant sa force vitale. dés 1482 , ficin nous enjoignait de nous distraire d' une intériorité nauséeuse pour " tourner la pointe purifiée de notre esprit vers le soleil divin." en rayonne une lumiére qui est " exubérance de bonté et de vérité " , " joie de l' esprit et force de sens " , " surabondance de vie " , " effusion de fécondité en toutes choses." tel est le " rire du ciel " qu' il assainit , régénére et vivifie. l' exorcisme n' aura dument fonctionné que si l ame , délivrée de ses fantasmes , peut vaincre son ultime crainte , en se voyant administrer la preuve de son immortalité. d' essence lumineuse , l' ame est issue de dieu , pére des lumiéres : " la lumiére n' est pas autre chose qu' une ame visible et c' est pourquoi tous les étres revivent par elle ; l' ame en revanche est une lumiére invisible." il n' y a plus alors qu' a remonter la " chaine d' or " de la lumiére jusqu' a sa source. rien de plus clair , mais rien aussi de plus obscur que cette univocité de ce qui éclaire , réchauffe , donne vie , une meme lumiére en tous dégrés , sans solution de continuité.
Magnard.