Théogonie D' Hésiode .

le panthéon d' hésiode .

la théogonie n' est pas un livre sacré , mais une représentation " poiétique " du monde , traduite dans une structure narrative et généalogique . de meme que ce poéme n' est pas un texte canonique , mais fait partie d' une tradition de poésie théogonique , le panthéon qu' il met en place n' est pas " le " panthéon des grecs . néanmoins , par l' autorité qu' hésiode se voit accorder par les anciens eux memes et par la vision d' ensemble du monde divin que ce poéme propose , la théogonie constitue un témoignage capital pour étudier le fonctionnement du polythéisme grec et ne peut se comprendre en dehors de celui ci . en effet , les dieux que ce poéme met en scéne sont davantage que de simples personnages pris dans des enchainements narratifs ou des abstractions énumérées dans des catalogues : il s' agit bien des puissances divines dont un homme grec ressent la présence et l' action dans l' univers . elles appartiennent a ce meme ordre de réalité dont reléve , au début du poéme , la rencontre entre le poéte et les muses . certes , toutes les divinités qui sont évoquées n' ont pas le meme statut et leur rapport avec la vie cultuelle des cités grecques peut varier : gaia , par exemple , n' a pas , dans les panthéons des cités , la meme présence fondatrice , la meme centralité que dans la théogonie . les océanines n' ont pas de véritable épaisseur cultuelle , et pourtant ce sont bien des figures divines qui appartiennent au panthéon du poéme au meme titre que gaia ; en effet , en déployant leur catalogue , le poéte élabore les multiples formes et aspects des puissances aquatiques . c' est dans cette meme perspective qu' il faut envisager la généalogie de nuit : des puissances contraignantes , comme , par exemple , la mort et la vieillesse , dont les hommes ressentent les effets et auxquelles ils ne peuvent se soustraire , relévent bien de l' ordre divin de l' univers . le statut des olympiens est , quant a lui , bien différent , et celui de zeus l' est d' autant plus qu' il est , pour ainsi dire , le point focal de la théogonie : le dieu souverain et les membres de sa famille sont les dieux que les grecs honorent dans leurs cités . pourtant , au meme titre que gaia et les océanines , le zeus hésiodique posséde une spécificité qui reléve de la place qu' il occupe dans le panthéon du poéme . il ne correspond exactement ni au zeus qu' honorent les spartiates ou d' autres , ni a celui qu' homére a mis en scéne . ces diverses figures de zeus ne trouvent pleinement leur sens qu' une fois replacées a l' intérieur de configurations divines bien précises , que ce soit a l' échelle d' une famille , d' une cité ou d' une oeuvre littéraire . néanmoins , l' activation de ce sens particulier présuppose a son tour un horizon cultuel commun que les grecs associent a la puissance divine que tous appellent " zeus ." sur un tel horizon viennent s' inscrire le ciel , le pouvoir , la souveraineté , l' autorité , pour ne citer que les éléments les plus apparents que fait surgir le nom meme de zeus . chaque poéte , comme chaque cité , élabore une interprétation du monde sub specie divina et répartit en conséquence les timai pour mettre en place un panthéon qui lui soit propre et réponde a ses propres objectifs .

une telle répartition et les choix qu' elle implique sont au coeur du polythéisme grec et de son systéme a dieux multiples . c' est la que s' enracinent a la fois l' ordre de zeus chanté par hésiode et le projet théogonique du poéme qui le décrit .

Pironti .