Platon .
introduction a la philosophie de platon .
l' homme grec est un homme nouveau , dont la cité est la mére : " la cité est la mére commune " écrit platon dans l' euthyphron , il fait l' éloge des crétois qui parlent de la " matrie et non de la patrie " ( république , 9 , 575 d ) et il ajoute ailleurs que " la patrie est plus respectable qu' une mére , un pére et tous les ancêtres " ( criton 51 a ) ; ce qui signifie que l' autorité familiale doit étre soumise a l' autorité politique , et que la cité , plus que la mére génétique , a droit d' étre reconnue pour mére vénérable . si la mére meurt , que devient l' enfant ? les grecs sont très conscients de l' originalité de la civilisation des cités : tous les autres peuples , " barbares " ( ils bégaient la syllabe formée des deux premières lettres de l' alphabet , semblables a l' enfant qui ne sait pas parler , ou a l' esclave qui n' ose pas parler ) et non grecs , tremblent devant le grand roi en perse , devant le pharaon en égypte , mais seuls les grecs savent parler haut et clair , dans une assemblée ou tous les citoyens sont semblables et égaux , homoia kai isoi , et délibérer librement les uns avec les autres . cette parole libre , qui ne prend appui que sur ses propres raisons , qui se gouverne elle meme , c' est ce que les grecs nommaient le logos , et c' est seulement dans le cercle des cités qu' on l' entend sonner clair , on ne risque pas de l' entendre dans la cour du tyran . comment donc tirer la lecon de l' histoire pour que l' insolence du logos , sa puissance propre comme son autonomie , ne soient pas perdues a tout jamais ?
Jacques Darriulat .